Trabendo

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Super! et Le Trabendo présentent :

Une Pollyanna désigne une personne d’un optimisme ou d’une gaieté excessive. Que ce mot serve de titre et de point de départ au morceau d’ouverture — et premier single — du troisième album de Just Mustard, WE WERE JUST HERE, marque un véritable tournant pour le quintette de Dundalk. Sur leurs deux premiers disques – Wednesday (2018) et Heart Under (2022, chez Partisan Records) – le groupe irlandais s’était imposé comme maître d’un rock bruitiste et hanté, porté par la voix envoûtante de Katie Ball, flottant dans la brume sonore comme une volute de fumée.
Heart Under, dominé par un tumulte de bruits industriels et de textures vaporeuses, explorait le deuil et le manque à travers des images d’immersion, de suffocation, comme plongé sous l’eau. Avec WE WERE JUST HERE, le groupe refait surface et s’avance vers la lumière, porté par une nouvelle énergie, presque euphorique.
Sur ces dix titres, les éléments clés du son Just Mustard demeurent : guitares méconnaissables, design sonore tordu rappelant l’univers d’Aphex Twin, et basses abyssales. David Noonan et Mete Kalyoncuoğlu continuent de malmener leurs guitares jusqu’à les rendre méconnaissables, tandis que la section rythmique – Robert Hodgers Clarke à la basse et Shane Maguire à la batterie – apporte des grondements sourds et des percussions claquantes. Mais cette fois, tout cela est canalisé vers quelque chose de plus chaleureux, de plus fédérateur : une nouvelle dimension s’ouvre à eux.
« J’essayais d’écrire de façon plus optimiste, même si parfois j’avais l’impression de mentir », confie Ball. « En cherchant un mot pour décrire une forme de bonheur forcé, j’ai trouvé Pollyanna. J’essayais d’atteindre la joie, même quand ce n’était pas forcément sain. L’euphorie revenait sans cesse – vouloir la ressentir, mais à un certain prix. »
Sur le puissant et mélodique “DREAMER”, elle chante : « I don’t wanna go where I can’t feel a thing ». Le morceau-titre, alliance parfaite entre leurs guitares massives et leur nouvelle clarté, éclate ensuite en une explosion de sons technicolor après la proclamation : « I just wanna make it feel good ».
« J’essayais de me placer dans des situations de joie physique pour provoquer cette euphorie », poursuit Ball. Tout l’album traverse ainsi un large spectre d’émotions : des personnages y cherchent l’extase, s’accrochent à l’amour ou à l’adrénaline d’être en vie. La voix met ces sensations au premier plan, soutenue par des compositions minutieusement sculptées, que ce soit sur le trépidant “SILVER” ou l’explosif “ENDLESS DEATHLESS”.
Produit par Noonan et le groupe, l’album vise la clarté et l’immédiateté. Alors que leurs précédentes compositions naissaient souvent de boucles instrumentales inspirées par l’électro, cette fois ils ont inversé la méthode : partir de la voix et de la structure, comme chez Nirvana ou My Bloody Valentine, pour aboutir à des morceaux amples et directs.
« La structure vocale était essentielle », explique Noonan. Les refrains, plus lumineux et mélodiques que jamais, mettent la voix de Ball davantage en avant – un choix à la fois sonore et émotionnel, pour mieux affirmer cette recherche de positivité, parfois ambivalente.
Même si le groupe élargit ici sa palette émotionnelle, tout passe encore par leur prisme singulier, presque lynchien : une quête de bonheur qui bascule vers quelque chose d’étrange, de complexe, de fascinant.
L’univers singulier du groupe s’étoffe grâce à des interludes hantés – voix déformées, fragments sonores : « On voulait créer différentes strates de texture, comme des couches de mémoire ou de temps, y injecter nos propres traces du processus créatif. » On y entend des extraits de mémos vocaux, des bouts de démos, et un mélange d’équipements analogiques et numériques passés sur bande ½".
L’idée de lieu a aussi guidé l’écriture : le groupe imaginait des clubs, des pistes de danse, des espaces où la musique devait être immédiate et viscérale. « On voyait littéralement les salles dans lesquelles ces morceaux pouvaient résonner. » Et si la plupart n’étaient pas des stades, leur tournée sud-américaine en 2023 avec The Cure les a poussés à viser un son plus large, plus expansif.
L’album a été enregistré au Black Mountain Studio, non loin de Dundalk. Comme pour Heart Under, le mixage a été confié à David Wrench (Frank Ocean, FKA twigs). « C’est fou, il a réussi à faire ressortir encore plus de mélodie rien qu’en mixant », dit Noonan, heureux de lui avoir confié le projet après tant de travail interne : Wrench a donné encore plus de profondeur et de force à la voix de Ball.
Peu enclins à livrer des récits explicites, les membres de Just Mustard préfèrent suggérer des thèmes. WE WERE JUST HERE s’est ainsi imposé comme un titre parfait : « Selon le mot sur lequel on met l’accent, il prend un sens différent. »
On peut donc entendre les paroles de Ball comme une quête maladroite d’un bonheur artificiel ou comme une percée cathartique vers une euphorie véritable. Dans tous les cas, le résultat est un album saisissant, qui propulse la musique de Just Mustard vers de nouveaux sommets.
Si Heart Under plongeait l’auditeur dans un tunnel obscur, WE WERE JUST HERE le propulse, ébloui, dans la lumière.

17 avril 2026
Just Mustard
concert ― Indie Pop
→ Trabendo - Salle de concert
17 avril 2026
Just Mustard
Ouverture des portes 19:00